Ce blog est en partie constitué de témoignages issus du forum de la F.F.S.B.

Langage technocratique


Comment sommes-nous passés des « Lumières » à… ce qui semble être « les Lumières inversées »… ?
Dans la civilisation technologique, qu’elle soit de régime capitaliste ou socialiste (communiste), la raison instrumentale est devenue à ce point dominante et englobante qu’elle ignore ou méprise tout ce qui ne s’aligne pas sur elle.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Scandale de la raison et de l’histoire : Comment la « modernité » a-t-elle pu engendrer la barbarie, elle qui a commencé sous le signe des Lumières, du progrès, de l’émancipation, du combat civilisateur contre les obscurantismes, les servitudes et les aliénations ?
L’explication proposée ici est dialectique : la raison émancipatrice, idéaliste et critique des Lumières se serait renversée en son contraire.
L’analyse des causes montre que la dérive est au départ de la modernité. L’idéal de celle-ci, tel qu’il a été défini par F. Bacon et R. Descartes, était de rendre l’homme « maître et possesseur » de la nature. Il s’agit d’un idéal de domination, d’appropriation et d’exploitation qui instrumentalise la nature au service de l’homme.
En plaçant toute son énergie dans ce projet, la raison moderne s’est comprise de plus en plus exclusivement, aux plans théoriques et pratiques, comme maîtrise et domination.
Etre rationnel est devenu synonyme d’analyser, d’organiser, de manipuler, de contrôler, de déterminer les moyens efficaces et sûrs, les moyens les plus économiques et productifs.
Malheureusement, cette approche qui visait primitivement les objets naturels en est venue, en s’universalisant, à inclure la considération des sujets humains et de la société tout entière.
Pour exploiter la nature, il faut des connaissances sûres et des techniques, mais il faut aussi des hommes pour les mettre en œuvre. Il faut organiser la division du travail humain de la manière la plus efficace. Cette organisation implique des hiérarchies, la domination de l’homme sur l’homme, et, en définitive, l’objectivation et l’instrumentalisation de l’être humain. Dans la société communiste qui a tout misé sur le développement de la technique et sur l’organisation dite rationnelle de la société – sur la planification – l’idéal moderne s’est ainsi enlisé dans la bureaucratie totalitaire, parfaitement irrationnelle et inefficace. Mais un totalitarisme égal sinon identique est le lot de la civilisation américano-occidentale productrice d’une culture de masse, standardisée, négatrice de l’individu, incapable de se mettre encore en question et dispensatrice de libertés apparemment qui ne menacent pas la permanence du système.

Ce qui caractérise la raison instrumentale, c’est qu’elle ne porte que sur le calcul des moyens. Cette délimitation est sensée aussi longtemps qu’elle n’ambitionne pas de ramener à elle toute la raison, comme si celle-ci ne pouvait s’occuper légitimement que des moyens.
Le triomphe de la raison instrumentale est dangereux parce qu’il exclut la raison des discours et des pratiques concernant non les moyens, mais les fins, les valeurs, les choix et les décisions. Si la raison est confinée dans la question du « comment réaliser », quelle instance va définir « ce que nous devons réaliser et pourquoi » ?

Les fins et les valeurs, ne pouvant être rationnellement discutées, sont abandonnées à l’arbitraire de décisions irrationnelles, effets des désirs et des intérêts particuliers de ceux qui ont le pouvoir de les imposer. Et ce pouvoir dépendra, pour une part très considérable, de la puissance technique dont dispose ceux qui tentent d’imposer leur volonté.
La rationalité instrumentale peut donc être parfaitement placée au service de l’irraison et aboutir, éventuellement à la destruction de toute raison. Songeons à la seconde guerre mondiale issue du détournement de la raison instrumentale par la barbarie nazie.
D’autre part, le règne de la raison instrumentale en légitimant ceux qui en sont les principaux dépositaires et en écartant tout débat sur les fins et les valeurs, tend à remettre aux technologies (les scientifiques et techniciens experts) la charge de toutes les décisions concernant la société. La technocratie qui en résulte n’a, en principe, d’autre but que de préserver et développer le bon fonctionnement du système, c'est-à-dire d’étendre toujours plus la raison instrumentale, d’accumuler les moyens efficaces de production, de contrôle, de prédiction, de manipulation. L’extension illimitée du pouvoir technique sur les choses et sur les individus chosifiés devient ainsi le seul sens de la société technocratique.

Plus généralement, la société technocratique est tentée de demander aux experts de trancher toutes les questions – sociales, économiques et politiques – qui surviennent, y compris celles relatives aux fins et aux valeurs, pour lesquelles ils n’ont, en principe, aucune compétence particulière. Cette tendance conduit à la dépolitisation des citoyens dans des sociétés pourtant démocratiques, qui s’en remettent pour tout choix aux avis des experts et techniciens.

Alors que la plupart des contraintes du principe de réalité pourraient être supprimées, le capitalisme les maintient en lui substituant le principe de rendement, pour le plus grand profit d’un petit nombre.
C’est en cela que l’idéal des Lumières est renversé : la technique devait à l’origine libérer l’homme de sa condition, sans répression ni contrôle ni domination, l’humanité était censée trouver un bonheur social grâce à la raison.
Agitant le leurre d’un niveau de vie matérielle toujours plus élevé et la nécessité de la concurrence et de la compétition universelles, le capitalisme technocratique poursuit dans la voie de la domination et de l’exploitation de la nature et de l’être humain au profit de quelques individus.

La démocratie à l’américaine n’est, en réalité, qu’un « totalitarisme doux et subtil » - celui de l’Etat-Providence – qui ne tolère la liberté que dans la mesure où elle n’excède pas le système : ainsi le consommateur, à condition de se soumettre aux exigences d’un travail efficace et productif, aura-t-il un choix toujours plus ample de produits standardisés.
L’intégration sans reste (ou presque) de toutes les forces révolutionnaires dangereuses dans le système est assuré par deux facteurs :
- la désublimation répressive : elle réduit l’énergie érotique (le désir polymorphe et infini) à la sexualité dont la libération ne menace pas le système matérialiste de la société capitaliste ;
- la technologie sociale : la société tout entière est un système complexe mais fonctionnel dans lequel chaque individu ou chaque groupe occupe une place où un rôle déterminés ; l’ensemble est parfaitement organisé et contrôlé de telle sorte que les dysfonctions sont aussitôt désamorcées.

La raison technologique règne concrètement sur la société industrielle ; sous ses apparences démocratiques, elle est foncièrement totalitaire, car elle s’applique désormais aux êtres humains et aux institutions autant qu’à la nature.
Ces techniques ne sont pas neutres : elles ont une portée politique, puisqu’elles maintiennent et consolident le système capitaliste. Telle qu’elle a été utilisée jusqu’ici, la technologie reste au service de la domination et de l’exploitation ; elle n’est pas libératrice, mais répressive et totalitaire.



- Page précédente - Page suivante -

1 commentaire:

Anonyme a dit…

[url=http://www.23planet.com]casinos online[/url], also known as practical casinos or Internet casinos, are online versions of acknowledged ("buddy and mortar") casinos. Online casinos legalization gamblers to tear and wager on casino games with the backing the Internet.
Online casinos habitually command odds and payback percentages that are comparable to land-based casinos. Some online casinos contend higher payback percentages with a take off it rent gismo games, and some lease out something be known payout concord audits on their websites. Assuming that the online casino is using an fittingly programmed unspecific hundred generator, details games like blackjack clothed an established tolerate edge. The payout slice preferably of these games are established via the rules of the game.
Uncountable online casinos writing on the wall on in act of god or acquirement their software from companies like Microgaming, Realtime Gaming, Playtech, Supranational Ploy Technology and CryptoLogic Inc.