Ce blog est en partie constitué de témoignages issus du forum de la F.F.S.B.

Langue-déficience


Pierre Encrevé :

D’une manière générale, on peut dire qu’on est dans une phase, après la guerre de 1870… pour ce qui est de l’enseignement et l’éducation, la France va être fascinée par l’Allemagne.
L’école obligatoire n’est pas du tout une notion française. Ce n’est pas la République, comme on dit souvent. C’est la mission de Bismark, c’est la Prusse.
On va s’aligner sur le modèle prussien pour l’école obligatoire, s’aligner sur le modèle prussien pour l’université.
On va essayer de reconstruire l’université française sur le modèle prussien.
De construire, parce qu’il n’y avait pas une vraie université française, au sens allemand.
On va également s’aligner sur le modèle allemand pour l’éducation des sourds.
A cause de l’annexion de l’Alsace-Lorraine, il y a un resserrement autour de l’unité française et donc de l’uniformité française, de l’unique langue française. Et un refus du droit à la différence : différence linguistique, et beaucoup d’autres…


Lawrence Surtees :

L'idée qu'on puisse apprendre à des enfants sourds à parler était nouvelle en Amérique du Nord. On estimait généralement, à l'époque, que les personnes sourdes étaient nécessairement muettes et n'avaient pas de place dans la société.
Les Bell n'étaient pas d'accord avec ce point de vue et Alexander Graham Bell réussit à démontrer, à Boston, comment utiliser les techniques du « langage visible » pour former les professeurs.
En quelques semaines, il parvint à enseigner aux enfants à prononcer plus de 400 syllabes. Ce progrès l'amena à faire des démonstrations à la Clarke Institution for Deaf-Mutes de Northampton ainsi qu'à l'American Asylum for the Education and Instruction of the Deaf and Dumb à Hartford, au Connecticut.
La demande devint telle que, en octobre 1872, Bell ouvrit sa propre école à Boston. Il exigeait de ses professeurs qu'ils aient « une bonne éducation à l'anglaise, [...] une oreille juste, une connaissance pratique de l'enseignement et [soient] aimables envers les enfants ».
Jusqu'à sa mort, Bell se définirait avant tout comme un professeur pour les sourds et considérerait ce travail comme son plus grand apport à l'humanité.



C’est en 1871 que Charles Darwin publie « La Descendance de l’homme et la sélection sexuelle »
        « Tous ceux qui ne peuvent éviter une abjecte pauvreté pour leurs enfants devraient éviter de se marier, car la pauvreté est non seulement un grand mal, mais elle tend à s’accroître en entraînant à l’insouciance dans le mariage. D’autre part, comme l’a fait remarquer M. Galton, si les gens prudents évitent le mariage, pendant que les insouciants se marient, les individus inférieurs de la société tendent à supplanter les individus supérieurs. »




Yves Bernard :

Le rêve américain avait pris pour les sourds l’allure d’un cauchemar sous les effets du darwinisme social et la volonté de réduire les déviances et « tares » dans une nouvelle confusion catégorielle amalgamant chômeurs, mendiants, criminels, valétudinaires, infirmes et déficients mentaux ou sensoriels.
Ces tendances culminèrent en Europe avec la théorie de la dégénérescence, et aux États-Unis, avec de nouvelles conceptions eugénistes : notamment, Alexander Graham Bell (1847, 1922), précepteur d’enfants sourds, dont la mère et la femme étaient devenues sourdes, inventait en 1876 une oreille artificielle : le téléphone était né.

Avec les énormes profits bientôt réalisés, il va soutenir la cause de l'oralisme à coup de publicité et la financer massivement.
Il lui importait par dessus-tout que les sourds paraissent « normaux »


Joe Joseph Murray :

Bell, avec l’utilisation du téléphone et le soutien des lobbies auprès du gouvernement, donne seulement une éducation orale aux jeunes sourds.
Bell proposait de supprimer l'utilisation de la langue des signes – ainsi supprimer les écoles pour les jeunes sourds – il décourageait ainsi les associations des personnes sourdes.


Brigitte Lemaine :

Un des opposants les plus farouches à la langue des signes a été Graham Bell, l’inventeur du téléphone, ce qui est assez révélateur.
La langue des signes c’est quelque chose qui court-circuite le lobby médical et l’industrie des media. C’est quelque chose de gratuit, qui ne nécessite pas d’appareillage et ne génère pas de profits.
Bref, ça sort les sourds du monde des handicapés sur lesquels on peut se faire beaucoup d’argent. L’intérêt des médecins, de l’industrie et aujourd’hui des biotechnologies c’est de maintenir les sourds dans l’assistance médicale et technologique.

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