Ce blog est en partie constitué de témoignages issus du forum de la F.F.S.B.

Langue-Lumière



Montaigne, au chapitre XII du livre II des Essais, publié en 1580 et 82 :
        « Nos muets disputent, argumentent et content des histoires par signes. J’en ai vu de si souples et formés à cela, qu’à la vérité il ne leur manquait rien à la perfection de se savoir faire entendre.
        (…)la nécessité apprend soudain à ceux qui en ont besoin et les alphabets des doigts et grammaires en signes, et les sciences qui ne s’exercent et s’expriment que par ceux-ci.
        »

Pierre Encrevé : On n’en finirait pas de dire le génie de Montaigne, qui a compris d’un coup ce que tant d’intellectuels contemporains tardent encore à admettre : que la langue des signes est une langue autonome, dotée des mêmes possibilités d’expression que les autres langues naturelles. Ce texte est aussi une attestation très précieuse de l’usage courant de la langue des signes française au XVIe siècle.



Brigitte lemaine :

c’est en France qu’ont été créés les premiers instituts pour sourds. Cela, on le doit à l’initiative, au XVIIIème siècle, de l’abbé de L’Epée qui parce qu’il estimait que les sourds devaient eux aussi avoir accès aux « lumières » et à la culture, mit au point un système de signes « méthodiques » qui associait le langage gestuel des sourds de Paris et la grammaire française « signée ».
En 1755, il fonda la première école pour sourds. Il y forma une multitude d’instituteurs sourds qui partirent ouvrir à leur tour 21 écoles en France et en Europe.


Pierre Encrevé :

Vers 1760, l’abbé de L’Epée avait créé la première école pour sourds. La première institution ou les sourds s’exprimaient en LS, apprenaient à développer cette LS et passaient à la compréhension du français écrit par la LS. Avec des professeurs eux-mêmes sourds s’exprimant en LS.
La France était très en avance. C’est la première nation au monde qui a un enseignement de ce type.


Yann Cantin :

L’abbé de L’Epée a créé une méthode d’enseignement basée sur des signes très proche de ce que l’on appelle aujourd’hui le français signé. Il les a appelé les signes méthodiques.
Voilà ce qu’il a mis en place.
Le vocabulaire utilisé, quant à lui, venait de la communauté sourde. Il se l’est approprié et l’a modifié dans le but d’enseigner. Il a créé une méthode. Il n’est pas à l’origine de la LS.


Christian Cuxac :

L’abbé de L’Epée, peut-être sans le savoir, fait cette formidable découverte que les sourds ont toujours communiqué entre eux par gestes. Il suffisait qu’ils se rencontrent. S’ils se rencontraient à plusieurs, ils fondaient, ils créaient, ils inventaient une micro-communauté pratiquant une langue visio-gestuelle.
Son coup de génie sera d’institutionnaliser ça.


Yann Cantin :


Jacob Rodrigues Pereire n’était pas uniquement axé sur l’oral. Il utilisait la dactylologie comme support de la parole.
Après le Congrès de Milan ce sera différent, il n’y en aura plus que pour l’oralisme. Pereire a utilisé la dactylologie et l’oral comme outil. Il enseignait dans les milieux aisés car il se faisait payer cher.
Au début de sa carrière, il choisissait de préférence des enfants sourds qui avaient déjà reçu l’instruction de moines sourds en LS. Les enfants arrivaient à bien parler grâce à leurs bases en français.
En fin de carrière, lorsqu’il a enseigné à des sourds à qui l’on n’avait jamais rien appris en LS, les résultats sont restés mitigés. Alors qu’à ses débuts ils étaient manifestes.

L’esprit de la Révolution française et la philosophie de l’abbé de L’Epée se rejoignaient.
Pour commencer, l’abbé de L’Epée dispensait un enseignement gratuit et ouvert à tous car l’Eglise s’inquiétait du sort de ces sourds qui n’avaient reçu aucune instruction religieuse et qui risquaient l’enfer après leur mort. Il fallait donc leur montrer la voie.
La Révolution française y voyait un enseignement gratuit ; pour elle, c’est ce qui primait.
Ca allait dans le sens des institutions publiques, de l’élargissement du droit de vote et de l’égalité grâce à cet enseignement public.
Par ailleurs, les effets de la scolarisation se retrouvaient dans la diminution de la mendicité et une augmentation du niveau de vie, qui étaient l’objectif même de la Révolution française : l’égalité pour tous.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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